Diplomatie

Parc du Château de La Celle Saint-Cloud, France
(Ministère des Affaires Etrangères) 2013

Balançoires, métal, bois, corde, dimensions variables
Collection de l’artiste. Œuvre produite par Flag-France

François MÉCHAIN développe principalement une pratique d’extérieur, ancrée au sein d’espaces naturels qu’il n’hésite pas à mettre en scène. Portant un intérêt tout particulier pour les arbres, l’artiste met en exergue la complexité de leur beauté : leur aspect massif ou élancé, la manière dont ils filtrent la lumière, la densité du feuillage et la texture de l’écorce sont autant d’éléments qu’il met en tension à travers ses installations.

Après avoir arpenté le parc de La Celle Saint-Cloud, François MÉCHAIN a jeté son dévolu sur un tulipier de Virginie qu’il a paré de plusieurs balançoires. Le genius loci (esprit du lieu) l’a mené à mettre en perspective le contexte historique du château et ses missions diplomatiques actuelles. L’achat, en 1748,  du domaine de La Celle par Madame de Pompadour est effectivement concomitant de l’attrait de l’époque pour l’iconographie des fêtes galantes dont témoigne plus précisément Les Hasards heureux de l’escarpolette peint par Fragonard en 1767.
Si François MÉCHAIN fait ici usage de la balançoire, c’est pour mieux en révéler à la fois sa filiation avec l’escarpolette et sa symbolique, comme une figure possible de la rencontre. L’action de se balancer serait comme un aller-retour incessant entre deux opinions ou positions… L’artiste aborde ici la question d’une manière métaphorique, tout en lui attribuant une dimension ludique. Son lexique artistique décline ainsi le jeu mental et intellectuel qu’est celui de la Diplomatie – titre de cette installation in situ : balançoire conventionnelle mais aussi trop haute ou trop basse, en mouvement perpétuel (le moteur), double (reprenant ici la forme des chaises ou fauteuils dits confidents, conversations ou bien encore causeuses, vis-à-vis…), triple, impossible (accrochée au tronc), nouée inextricablement à d’autres, absurde (circonscrite à un trou dans le sol), décorative (avec des fleurs), dangereuse (hérissée de clous)… À la manière d’un exercice de style, cette œuvre rend ainsi compte de différentes postures de l’esprit où, de facto, l’écoute est accrue et induite par des positions et mouvements physiques parfois contradictoires

                                                                                   Marc BEMBEKOFF, septembre 2013