La forteresse endormie
Site du Fort Tüngen, Le Plateau, Luxembourg-Ville, 1995.
Le Mudam, Musée d’Art Moderne du Luxembourg a depuis construit sur ce site
Triptyque photographique sur dibond : 380 x 120 cm ; sculpture de vrais billets de banque de 100 francs lux : 25 x 12 cm
3 croquis préparatoires sur carton encadrés : 80 x 20 cm
In situ, sculpture éphémère construite anamorphotiquement pour un point de vue du Prince placé à droite, bois et feuilles de hêtre :
500 x 500 x 120 cm
1995 Luxembourg Capitale Européenne, un beau label pour une si petite ville, si provinciale, si bien comme il faut, forteresse imprenable derrière ses murailles construites par VAUBAN. Un nom qui raisonne aussi dans le monde entier lorsque l’on évoque les paradis fiscaux. Mais quand même quel parcours !
Ballotté par l’histoire et longtemps peuplé de petits paysans pauvres, la Révolution Française fait d’abord du Luxembourg son Département des forêts. La première vraie révolution économique viendra à la fin du XIXème siècle avec la découverte du minerai de fer à l’extrême sud du pays. Les mines et la sidérurgie apporteront alors la richesse avec son corollaire, l’immigration. Mais les bonnes choses ayant toujours une fin ce pan entier de l’industrie finira aussi par s’effondrer. C’est le développement du commerce bancaire dans les années 60 qui assurera alors l’enrichissement du pays.
Un vrai pactole qui continue de faire du luxembourgeois l’un des citoyens les plus riches du monde. Tout est donc bien dans le meilleur des mondes. A la restriction près toutefois que cette richesse est construite sur un étrange consensus, certains diront même sur la savante mise en place par les dirigeants du pays d’un statut légal de hors-la-loi. Songez un peu que le Luxembourg, membre de l’UE et un des six acteurs de la première réunification européenne à l’époque du traité de Rome en 1957, participant actif s’il en est donc de la communauté est aussi ce paradis fiscal – pardon le mot est tabou - dans lequel le monde des riches et des puissants vient placer son argent pour éviter l’impôt. Chambres de compensation, fonds d’investissement, holdings …. tout est protégé par le divin secret bancaire. En connaisseur avisé le Luxembourg a mis en place toutes les constructions juridiques possibles et imaginables susceptibles de permettre l’évasion fiscale. A l’instar de ce qui se passe dans tous les autres paradis fiscaux, les vrais ceux-là, il y a symbiose entre les élites locales et pourquoi pas alors le Prince, les banques et les fraudeurs du monde entier. De l’obscur, beaucoup d’obscur dans cet inattaquable Luxembourg, si lisse et si policé. Mais soyons confiants. A la proposition européenne de 2010 qui permettrait de lever enfin le secret bancaire et d’assainir une partie de l’économie mondiale, le Luxembourg a répondu qu’il serait d’accord si tous les pays européens en faisant autant. …. …………………… sachant bien que la Suisse ne lèverait jamais volontairement ce privilège. |