Grand écran

Sur la cimaise opposée, le Grand Écran en triptyque de François Méchain, avec son fauteuil vide et ses rideaux mystérieusement suspendus au bord du fleuve, suggère à première vue un serein abandon au temps qui passe. Mais sous la tranquillité apparente de la scène, une grande tension se fait jour: l'immobilité du fauteuil s'accommode mal de l'écoulement des eaux ; la séparation des espaces, extérieurs et intérieurs, est à la fois dépassée et maintenue dans son dépassement même par les rideaux ; le spectateur est à la fois hors de l'image et invité à entrer en elle, à occuper la place vide du fauteuil.
Difficile donc de trouver la position qui fera voir enfin quelque chose. La structure en retable, les deux panneaux latéraux légèrement repliés sur le panneau central, n'est pas sans évoquer le paradoxe, même le mystère, de la présence photographique, maintes fois comparée à la présence divine : montrer, n'est-ce pas dissimuler ?

 

 

 

 

 

 

 

  Etienne Helmer, ParisArt in exposition, Le temps du regard : œuvres à lecture lente (1840 – 2007),
Galerie Michèle Chomette, Paris, 2008.